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1985
31 – Haute-Garonne

Saint-Martory – Grotte-abri de la Tourasse

Fouille programmée (1985)
Responsable d’opération : Jean-Paul Huot

Texte intégral

Date de l'opération : 1985 (FP)
Inventeur(s) : Huot Jean-Paul

1La poursuite des fouilles à la Tourasse a concerné plusieurs zones : d’une part, un secteur situé devant l’entrée de la grotte où plusieurs sols d’habitats aziliens et des traces de Magdalénien ont pu être fouillés ; d’autre part, le long de la paroi sud de l’abri où a été reconnu un remplissage néolithique et sauveterrien; enfin, l’intérieur de la grotte, considéré jusqu’à présent comme remanié, a livré quelques lambeaux de Magdalénien en place.

2La série étudiée présente donc, de haut en bas, la succession stratigraphique suivante :

31. Le Sauveterrien, fouillé sur 6 m2, est constitué de niveaux cendreux grisâtres riches en charbons de bois, nombreux tests d’escargots (Cepea nemoralis) et macrorestes végétaux (débris de noisettes, noyaux de prunelle). Localement, ces niveaux mésolithiques (couche H) revêtent le faciès caractéristique d’escargotière avec une densité maximum de 10 000 coquilles par m2, accumulation qui est interprétée comme la résultante d’une consommation anthropique (Huot et al., 1991). Plusieurs dizaines de galets chauffés ou éclatés par une action thermique indiquent l’importance des activités domestiques ou économiques liées au feu ou à la chaleur. La faune comprend le bœuf, le cerf, le chevreuil, le sanglier, le castor et des petits carnivores et mustélidés. La microfaune est abondante et se compose de restes d’oiseaux et de poissons (Salmonidés). L’industrie lithique, qui compte une trentaine de nucléus, indique un débitage opportuniste, de petite dimension, conditionné par le module et la médiocrité des roches locales, excepté pour le silex du Paillon. L’outillage est pauvre, essentiellement représenté par des grattoirs, des pièces esquillées, des burins, des fragments de lamelles à dos et quelques microlithes géométriques. Cet ensemble paraît correspondre au début de la période de réchauffement postglaciaire, vraisemblablement le Préboréal.

42. L’Azilien : la couche YG, fouillée sur 4 m2 et épaisse en moyenne de 5 cm, est composée d’un sédiment terreux à petits éléments, souvent rubéfié de couleur rosée. Les restes d’un petit foyer plat est attesté par une lentille cendreuse de 50 cm de diamètre. Environ deux cents galets entiers et fragmentés mériteront un examen attentif. La faune, constituée de cerf, chevreuil, cheval, sanglier et lapin pourrait correspondre à une association datant de l’Allerød, ce que confirmerait la sédimentation rapide et les marques évidentes de ruissellement (Huot, 1991). Le débitage lithique se présente essentiellement sous la forme d’esquilles et de cassons : excepté les pièces esquillées, il n’y a pas de nucléus et le silex du Paillon est rare. L’outillage lithique est surtout composé de nombreux grattoirs, aménagés sur des supports peu exigeants, de pointes aziliennes, de quelques burins et lamelles à dos. Il a été trouvé plusieurs fragments de harpons plats typiques. Par ailleurs, le tamisage des déblais de la grotte a permis de récupérer quatre galets peints dont certains décors correspondent à ceux du Mas-d’Azil.

53. L’Azilien ancien : la couche YL montre des traces de ravinement et de ruissellement contemporains du démantèlement d’un lambeau de terrasse. En dépit de cette érosion, de nombreuses marques de rubéfaction thermique (galets chauffés et cassés) attestent de la présence de plusieurs structures de combustion dont une seule a subsisté (foyer plat). La faune, rare et réduite à des esquilles, comprend le cerf, le chevreuil et des restes d’un herbivore plus gros (bœuf ou cheval). Le matériel lithique où l’on note la rareté du silex du Paillon est constitué principalement d’éclats identifiables associés à une vingtaine de nucléus. L’outillage, dont un test a montré qu’une analyse tracéologique était possible (Hugues Plisson), comprend une cinquantaine de pièces : il est caractérisé par l’abondance des pointes à dos courbe, suivies par les pièces esquillées et les grattoirs. L’outillage osseux comprend plusieurs harpons plat typiques, à boutonnière, dont une pièce entière.

64. Niveau de transition : cette couche résiduelle (YN), parfois argileuse et pétrie de microfaune, ou sableuse et sans microfaune, repose sur le sol rocheux ou sur un niveau à gros blocs. La faune est réduite à l’état d’esquilles recouvertes de manganèse. Elle a livré un mobilier lithique très pauvre (sept grattoirs, deux burins, quelques pièces esquillées) mais remarquable par la présence de produits laminaires et l’association de fragments de pointes aziliennes et de lamelles à dos. Cet assemblage peut correspondre soit à un mélange (Azilien/Magdalénien) soit à un véritable niveau transitionnel.

75. Le Magdalénien : il semble qu’il n’y ait jamais eu d’occupation magdalénienne devant la grotte mais qu’elle soit restée confinée dans la galerie sud durant une période sèche et froide comme tend à l’indiquer un lambeau de limon en place et contenant un mobilier caractéristique : deux grattoirs, quelques fragments de sagaies et un fragment de baguette demi-ronde. Devant l’entrée de la grotte, une argile verte mise en place par ruissellement et fouillée sur 1,20 m2 a livré une molaire de renne, ainsi que des produits de débitage laminaires, un burin, un perçoir et une dizaine de chutes de burins et autant de lamelles à dos.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Jean-Paul Huot, « Saint-Martory – Grotte-abri de la Tourasse » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Occitanie, mis en ligne le 01 mars 1997, consulté le 18 avril 2024. URL : http://journals.openedition.org/adlfi/10459 ; DOI : https://doi.org/10.4000/adlfi.10459

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Responsable d’opération

Jean-Paul Huot

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Droits d’auteur

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

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